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CHANTIER DE L’EGLISE DE FONTAINE-LE-PIN

1960 par Yvonne GUEGAN- architecte décorateur

 

« Ce chantier reste encore pour moi, aujourd’hui, un excellent souvenir. C’était un travail enrichissant par les recherches que l’architecte, M. Bienvenu, m’incitait à faire et par l’ambiance musicale créée par Monsieur l’abbé Hardy, curé de la paroisse.

J’ai bénéficié de la chaleureuse participation de tous les membres de la commune, en particulier par les membres du Conseil Municipal conduit par le Maire Monsieur E. Macé.

L’architecte m’a associée à son travail sur le conseil de Monsieur le chanoine Lecocq que je connaissais bien par l’intermédiaire de Monsieur l’abbé Bellego. C’est un homme de grande culture et d’une surprenante bonté qui était aumônier des étudiants à Caen.

Le Chanoine Lecocq était chargé des problèmes de reconstruction des édifices religieux de la région. Il a fait preuve d’audace et de courage dans ses choix et ses préférences. Grâce à lui, des ensembles cohérents et modernes ont été bâtis.

Les visites de chantier m’ont permis de m’imprégner du lieu, des matériaux employés (béton et grés aux tons ferrugineux), de l’éclairage et de la disposition originale des lieux : chÅ“ur sous le clocher.

Après de nombreux croquis et maquettes, j’ai soumis à l’architecte le sujet de l’Assomption de la Vierge, car toutes les lignes convergent vers ce grand mur et l’ouverture du clocher crée un mouvement ascendant.

J’ai ensuite cherché un rythme pour la façade afin d’animer la rigidité des claustra. Les vitraux de droite et de gauche représentent les symboles de Saint Pierre et de Saint Paul.

J’ai pensé le tabernacle comme une petite sculpture précieuse avec tous les éléments en céramique, modelés un par un et le tout protégé par une chape de cuivre. Pour le sol, j’ai décoré quelques pavésde grés rouge d’une feuille verte, stylisation de la feuille d â€˜Ã©rable (rappel des soldats canadiens).

La mosaïque du baptistère a été conçue dans le même esprit que le tabernacle après des études nombreuses pour définir sa forme générale.

La poignée de porte de l’église a été dégrossie sur les plans de ma maquette et j’ai achevé moi-même, à la main, avec une lime à bois, de lui donner le galbe désiré, des espaces y étant réservés pour de petites céramiques.

En dernier, j’ai exécuté le rideau du confessionnal où l’enchevêtrement des lignes concrétise pour moi la confusion des sentiments. Tout cela a demandé des dessins nombreux.

Monsieur Bienvenu a passé avec moi des heures pour mettre au point tous les détails de la décoration.

Pour la réalisation des vitraux, j’ai pris contact avec Monsieur Leconte, maître verrier, artisan très habile et de bon conseil qui, heureuse coïncidence, habitait près de chez moi à l’époque. Il est actuellement à la retraite.

Pour un vitrail, la maquette doit être interprétée : il faut tenir compte de la lumière qui traverse le verre, ce que la maquette sur papier ne peut rendre, la largeur des plombs peut jouer dans l’aspect général.

La peinture murale ne pouvait se faire qu’avec un échafaudage de trois étages fourni par Monsieur Duteil artisan peintre à Fontaine-Le-Pin.

Pendant une dizaine de jours, j’ai effectué seule ce gros travail, aidée, pour la préparation de la peinture, par Monsieur Poulain.

L’ampleur du son de la cloche se répercutant directement dans le clocher et surmontant l’échafaudage me surprenait. L’adaptation d’une maquette sur un mur courbe me pose problème ; il fallait bien calculer pour que la tête de la vierge soit visible de la porte d’entrée et pas trop basse par rapport à l’autel.

J’avais droit à des visites amicales des habitants qui venaient voir si j’étais toujours sur mon perchoir et en bonne forme. Pour ne pas perdre de temps, j’étais logée chez les voisins et je prenais mes repas dans la maison amie en face de l’église.

J’avais dessiné et découpé en feutrine différentes chasubles que ma mère avait cousues mais il paraît que les mites en ont fait leur régal.

Il est rare de pouvoir travailler, depuis la conception jusqu’à la réalisation, sur un projet de cette envergure et plus rare encore de le faire dans l’entente générale, due en grande partie à Monseigneur Lecocq et à Monsieur Bienvenu. Â»

L'Eglise de FONTAINE-LE-PIN

Le témoignage de Yvonne GUEGAN

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HISTOIRE

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